Monday 1 June 2015

Le bilan avant la fin...part one

La question que je redoute un peu...Pis qu'est ce que tu as fait pendant cette année là?
Pressure....On dirait qu'il faut que j'ai une réponse extraordinaire. Pourquoi. J'imagine que c'est un peu de ma faute.

Pour comprendre, il faut retourner quelques années en arrière...là où l'idée de venir ici à commencé à se frayer un chemin dans mes projets/angoisses/désirs de vie différente.  Certains d'entre vous me connaissent assez pour savoir que j'ai moi même fait ma 6ième année à Toronto chez ma tante Gisèle.  Elle a offert à ma mère de m'héberger pour l'année scolaire pour que je puisse apprendre l'anglais et vivre avec eux (ma cousine Mélanie, un an de plus que moi, était mon âme soeur...mais on se comprenait pas toujours...elle était plus anglophone et j'étais motivée à apprendre l'anglais en partie à cause d'elle je pense...Mon Dieu qu'on a rigolé cette année là! On s'est chicané comme des soeurs aussi! C'était merveilleux.) Pour revenir à ma tante Gisèle, ayant maintenant 3 enfants moi-même, je suis encore plus en admiration et reconnaissante envers elle d'avoir pris un 4e enfant pour un an! Quel beau cadeau!

Bref, quand j'ai réalisé à quel point au Québec, la connaissance d'une langue seconde (surtout si c'est l'anglais) n'était pas une priorité dans les écoles, j'ai commencé à élaborer un plan.  Loris était alors en 2e ou 3e année...Quand je lui en ai parlé, qu'on changerait peut-être d'école...il s'est mis à pleurer!! oups...bon, on y reviendra plus tard...À l'école où sont mes enfants, il y a la possibilité de faire la 6ième année en anglais...(demie année français/demie année anglais). Mais seulement une classe sur 4.. les autres font une spécialité éducation physique, multimédia ou sciences...C'est bien beau mais pour moi l'anglais est beaucoup plus important! (multimédia...as if they need this...they already know more than me at 11, et ils en feront tout au long de leur études.) Bref, aucune garantie que mon enfant puisse faire partie de la classe d'anglais...processus de sélection au hasard.

C'est en fait en sortant d'une réunion d'information sur ces programmes (qui existent aussi en 5e année mais pas d'anglais...) que l'idée d'aller vivre en contrée anglophone s'est montrée plus insistante.  Nous connaissions aussi des gens qui avaient fait la même chose et qui avaient adoré l'expérience.  J'en ai reparlé à Loric et cette fois il était bien intéressé... faut dire que je lui parlais régulièrement de l'importance de l'anglais.  Un soir, nous sommes allés souper chez des amis qui ont encore plus la piqûre des voyages et expériences de ce type que nous... nous avons discuté de la vie de banlieue, le confort du 21e siècle, le matérialisme...le côté bohème qui nous manque un peu dans la vie qu'on a choisie...et en revenant, j'ai dit à Simon: Aye le gros, on le fait! Ben non, c't'une blague, je l'appelle pas le gros, mais avouez que cela serait drôle!

Alors les procédures ont commencé: tout d'abord, l'année sabbatique. Pour Simon, ce fût assez facile. Il en a parlé à son chef, puis la réponse a été oui. Voilà. Pour moi, ce fût plus compliqué... mais bon, quelques mois plus tard, j'ai enfin eu le ok officiel et nous avons pu entamer  la recherche de maison et le reste (inscription école, planification du voyage, assurances, location de notre maison si possible, inscription au collège des médecins of BC pour Simon...test d'anglais nécessaire...cours d'anglais pour Simon etc).

Voilà pour la motivation première. Pour ce qui est de moi, personnellement, l'idée de prendre une pause du travail s'est lentement installée.  J'aime mon métier. Il est exigeant physiquement, psychologiquement, mentalement mais gratifiant.  J'aime mon milieu de travail, mes collègues et l'ambiance d'une salle d'opération. C'est un petit monde à part. Évidemment rien n'est parfait, mais somme toute, je suis bien. Par contre, c'est pas tout à fait un métier qui est facile à faire avec une famille (comme plusieurs métiers en santé). La différence avec certains autres spécialités ou professions dans la santé c'est le choix. En anesthésie, j'ai pas le choix de mon milieu de travail, c'est la salle d'op... Je peux pas changer d'idée et aller en clinique externe, en bureau, en CLSC, dans un petit centre qui travaille juste de jour (à moins de faire de l'esthétique au privé, et encore...) Pis en salle d'op, nous sommes une spécialité de service... on sert d'autres spécialités: les chirurgiens...lol! bref, notre horaire n'est pas le nôtre.  On ne peut organiser notre clinique, notre semaine pour concentrer des patients une journée et finir tôt une autre.  Bien sûr qu'on finit tôt quelques fois, mais ce n'est aucunement sous notre contrôle. Quand on a des enfants, ce côté imprévisible est plus difficile à gérer.  Le spectacle du vendredi midi à l'école, dans une semaine....ben faut se mettre de garde la veille pour pouvoir y assister....et encore faut-il que le collègue de garde accepte de nous donner la dite garde! D'ailleurs, quel métier font les gens qui y sont présents en si grand nombre...question sans réponse qu'on se pose depuis des années.  Les 18 rendez vous médicaux de ses enfants, on se les tape aussi en lendemain de garde.  C'est comme la fois où je me suis déchiré la coiffe des rotateurs et que je devais voir mon physio aux semaines/2semaines...plaisir fou pour organiser les rendez vous! à 7h le matin d'une garde de 24 h..why not! Mais j'aime travailler. J'aime l'équilibre. Mon idéal: 4 jours semaines (hou méchant Docteur!) surtout si je suis de garde le samedi/dimanche...j'apprécie alors la journée de congé dans la semaine qui suit. 4 jours par semaine, avec les gardes c'est rarement moins  de 40-50 heures par semaine.

Mon dernier congé remonte à mon "congé de maternité" de Maëlle. 5 mois. Puis retour à temps plein...pénurie oblige. 1ère semaine, travaille lundi au vendredi, garde vendredi/dimanche! Joie! Je peux vous dire que j'avais la mèche courte et le teint éblouissant après quelques semaines. Isaac, j'avais pris 3 mois...travaillé un mois, pris un autre mois de congé pour déménager et m'installer à Rosemère (de Gatineau) et retour temps plein.

Si c'était à refaire, je le ferais probablement encore ce cette façon...bon peut-être que je négocierais mon retour après Maëlle avec un journée de congé de temps en temps, mais bon. Je n'ai jamais même songé à être une maman à la maison. True story!  C'est pas dans mes gènes. Mais la pause, l'année sabbatique me tentait beaucoup pour plusieurs raisons.  Bien sûr, j'étais contente de prendre le temps avec mes enfants. D'aller les porter à l'école, les chercher. De pouvoir aller aux spectacles, connaitre un peu plus les profs, les amis, etc. Mais, mes raisons étaient plus égoïstes que cela. Faire autre chose pour une fois. Casser la routine étude/travail... qui dure depuis plus de 20 ans. Le seul regret quand je pense à mon cheminement est de ne pas avoir pris une pause pour explorer le monde un peu dans la vingtaine. Une année sabbatique sans enfants...la vraie liberté.

Je voyais donc cette année comme MA chance de faire quelque chose de différent. D'essayer. Je me disais qu'une chance comme celle-là ne se reproduirait jamais! (lol, l'innocence...) Vous comprenez peut-être les attentes et la pression que je me suis imposée: Cette année devait être EXTRAORDINAIRE! Aye, on s'endette pas comme cela pour rien!

Il y a un mois, j'ai commencé à ressentir de l'angoisse...comment allais-je répondre à la dite question: Pis qu'est ce que tu as fait pendant TOUTE ton année de congé?
Ben, j'ai rien fait d'extraordinaire tant que cela...j'ai essayé de vivre dans le présent! N'est-ce-pas ahurissant?
Voici tout de même une petite liste (car j'adore faire des listes!) de mes exploits...

1. J'ai accumulé plus de 250 heures de sommeil en un an (comparativement à une année normale si on compte les gardes que je n'ai pas faites).
2. J'ai réussi à garder ma consommation de café stable.
3. J'ai fait de la couture
4. J'ai fait de la poterie (!)
5. Je me suis entrainé avec un groupe pour un demi-marathon.  J'ai fini par être capable de monter la maudite côte de Rutherford sans arrêter....
6. J'ai couru mon premier demi-marathon.
7. J'ai augmenté légèrement ma consommation de vin.
8. J'ai, en réaction à 7, réussi à être abstinente de vin pendant un mois et demi!
9. J'ai gouté à la marijuana de la Colombie-Britannique (once, expérience médicale...I swear...)
10. J'ai réussi 2 cours de mon certificat de gestion de la douleur chronique. ( il en reste 2 sur 5!)
11. J'ai pris la sage décision de me permettre un break de mon certificat de la gestion de la douleur chronique à mon retour cet automne...sagesse oblige...3 enfants, temps quasi plein, suivi de la clientèle de douleur d'une collègue en congé de maternité...
12. J'ai fait du kayak ( et pleuré de la douleur de mon épaule pendant la semaine qui suit)
13. J'ai accompagné une classe de 6e année dans un camp (classe verte...dodo and all) (sans alcool;))
14. J'ai fait le ménage de la maison toute l'année (maudit que je m'ennuie de toi Nadine!!)
15. J'ai lu environ 25 romans (qui ne parlait pas de médecine! et 4 qui en parlait...et plus de 100 articles scientifiques qui parlaient de douleur ou d'anesthésie.)
16. J'ai écouté quelques séries de télé. J'ai même réécouté la série de Buffy et Angel! (au début avec les enfants, puis seule...ça c'est de la perte de temps mon ami...mais en fait, c'est aussi de la nostalgie...c'est comme retrouver des amis que tu n'avais pas revu depuis 10 ans...)
17. J'ai rencontré un nouveau physio, un chiro et un entraineur personnel pour mon épaule...bof, bof et wow, enfin! Je prenais les rendez vous en riant tellement c'était simple...tel jour, telle heure...mmm let me think..ok!
18. J'ai eu ma première résonance magnétique!
19. J'ai eu 40 ans....J'ai versé des larmes le matin fatidique...True story....J'ai eu la plus belle carte de fête de ma vie. (40 ans c'est pas si pire parce que tu es toujours en pleine forme, tu es toujours belle en robes chics et encore 60 ans devant toi..bof, les 15 dernières pas terribles, je sais...LMAO!)
20. J'ai fait un peu de méditation...(ça a pas pogné...mais je vais persévérer...)
21. J'ai perdu un temps fou sur Facebook, instagram etc
22. J'ai culpabilisé sur 16 et 21...
23. Je me suis fait de nouvelles amies! Avec qui je garderai contact probablement grâce à Facebook alors je me suis réconfortée sur 21.
24. Je suis devenue blonde
25. J'ai fait pleuré ma fille parce que je suis devenue blonde! True story!
26. J'ai fait un peu l'école à la maison avec Isaac pour lui permettre de passer un examen d'admission (français/math) en vue d'être accepté dans un programme musical...violon à notre école de quartier)...et j'ai développé un respect encore plus grand pour ceux qui choisissent cette avenue (wink wink Geneviève!)
27. J'ai promené mon chien encore et encore et encore....
28. J'ai couru dans des trails....en pleine forêt...pour le fun! J'ai eu un peu peur en pensant à la notification de l'école concernant un "cougar sighting " la semaine d'avant, pis j'ai ri de moi-même...
29. J'ai eu une petite (moyenne) déprime saisonnière dans le gris ici (ajoutons à cela ma blessure qui ne guéri pas à mon goût, la 40taine qui se pointe, la réalisation que je ne fais pas tout ce que je pensais faire cette année...)
30. J'ai été fatiguée...oui oui..malgré les heures de sommeil supplémentaires, le fait que je ne travaille pas etc...J'ai été frustrée et déçue d'être fatiguée...Puis j'ai fait mon deuil du niveau rêvé d'énergie que j'aurai visiblement jamais!
31. J'ai vu des petits bébés et pendant une fraction de seconde, je me suis dit...hum...j'aurais pu combiner un congé de maternité à cette année...puis j'ai éclaté de rire au manque d'introspection que ça prenait pour même considérer cette avenue!
32. J'ai visité Victoria (4-5 fois), Vancouver, Tofino, Whistler, Mount Washington, San Diego, Hawaii. (d'où l'endettement...)
33.  sinon, ben, j'ai vécu au jour le jour la routine d'avoir des enfants qui vont à l'école...avec les devoirs, les lunchs, les crises, les chicanes, les rires, les repas en famille (ou devant la télé pendant que papa travaille...Buffy!), le ménage, le lavage, le chialage (ramasse ta chambre, non, tu peux pas faire de la télé c'est la semaine...Loric, lâche ton ipod.) sermonné sur l'utilisation des ordis/ipod/textos/ importance d'aller joué dehors..

à suivre dans le prochain post...

1 comment:

  1. D!accord pour no.16: les enfants trippent avec moi.. Nous sommes rendus a la saison 2.
    Pou no 21: u can join my never have another bday club

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